À Choulex, le projet s’inscrit dans une lecture fine du paysage, du tissu villageois et de la pente, retrouvant les logiques originelles d’un “village rue” pour mieux les réinterpréter.

Située le long de la rue centrale, la parcelle n°2829 appartient à la zone 4B protégée, un contexte sensible où cohabitent le bâti ancien de bas Choulex et l’ouverture agricole vers la Seymaz. La construction existante, une villa des années 1960 sans valeur patrimoniale, avait artificiellement remodelé le terrain en créant une butte qui rompait le lien naturel entre rue et paysage. Sa déconstruction devient dès lors l’opportunité de rétablir une relation juste avec le site, de renouer les continuités topographiques et de redonner au terrain sa pente originelle pour ouvrir la perspective sur le grand paysage.

L’implantation proposée s’inscrit dans cette logique de couture.

Les deux volumes prennent place en retrait de la route, libérant une respiration généreuse qui s’organise en cour arborisée. Ce geste permet à la fois de préserver les dégagements de la parcelle voisine et de réaffirmer l’écriture contiguë caractéristique du village. En venant chercher la mitoyenneté au nord, le projet consolide le front bâti et accompagne la pente naturelle de la rue comme celle du terrain descendant vers la Seymaz.

La morphologie des volumes, volontairement sobre et inspirée du langage rural, autorise un léger décalage entre les corps de bâtiment, créant des ruptures maîtrisées et une silhouette cohérente dans le paysage. Côté nature, le projet s’ouvre largement : jardins, vergers et espaces partagés se déploient vers l’horizon agricole, offrant aux habitants une transition douce entre habitat et nature.

La cour devient un lieu.

Pensés pour encourager les mobilités douces et l’usage quotidien de l’espace extérieur, les accès s’articulent autour de cette cour plantée de deux tilleuls de pleine terre et accompagnée d’un mobilier simple. Les circulations extérieures — coursives, escaliers et verticalités — animent les façades et favorisent les échanges entre habitants, créant un véritable seuil de sociabilité.

Les accès motorisés, placés en périphérie, limitent les nuisances : trois places extérieures au nord, et à l’opposé, l’entrée de l’ascenseur à voiture menant au parking souterrain. Celui-ci est partagé avec le stationnement vélo et s’intègre dans une stratégie globale de minimisation de l’empreinte bâtie au sol. Une servitude piétonne vers la zone agricole complète la perméabilité du dispositif.

Un programme compact, lumineux et traversant.

Les bâtiments A et B se développent sur trois niveaux (rez + étage + combles) et accueillent sept logements : trois simplex et quatre duplex, allant du 2 pièces au 6 pièces. Tous les appartements sont traversants — à l’exception du 2 pièces — et profitent d’une double orientation, entre la cour villageoise et le grand paysage. L’accessibilité PMR est assurée pour l’ensemble des logements.

Le sous-sol, réduit à l’emprise du bâti hors-sol afin de préserver un maximum de pleine terre, regroupe les locaux techniques, les caves communes, un abri de protection civile de 18 places et un parking de 12 véhicules (dont une place PMR), complété par six vélos et une moto. L’accès se fait directement depuis l’ascenseur à voiture et depuis les circulations verticales du bâtiment A.

Le projet revendique ainsi une architecture précise, attentive aux héritages du lieu et aux usages quotidiens.

Il réinterprète la typologie villageoise avec retenue, valorise les continuités paysagères et retrouve un dialogue authentique entre habitat, rue et campagne genevoise.