Av. du Vieux-Bourg - Chêne-Bourg - Genève
CB Immobilier SA / Privalia Immobilier SA
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mars 2022
logements PPE
Projets, Patrimonial, Habitation
ANALYSE HISTORIQUE
1880
En 1880, le village de Chêne-Bourg se développait de manière relativement dense, le long des deux axes routiers principaux, reliant Thônex et la France à la ville. Ces axes étant l’actuelle Rue de Genève et l’Avenue du Petit-Senn. Le Bourg s’étendait côté ville, du temple à l’actuelle Rue François-Jacquier.
Derrière les constructions implantées le long des routes se trouvaient des vergers et des cultures.
1900
Le hameau continue son développement en direction de Thônex, toujours le long des artères principales et de nouvelles constructions prennent place, longeant l’actuelle Avenue du Vieux-Bourg. L’îlot qui nous intéresse est parsemé de constructions et occupé, en grande partie, par des vergers.
1920
Le hameau devient une petite bourgade et jusqu’en 1940, ce secteur n’évolue quasiment pas.
1940
Le Bourg se développe lentement. Un ralentissement sans doute dû à la crise des années 30. La Commune se déploie à l’Est, le long de la Rue Peillonnex. Quant à notre secteur, en retrait de l’axe principal, il n’évolue guère.
1960
De 1950 à 1960, la population passe de 2500 à 5000 habitants. Le village se développe et les zones constructibles s’étendent fortement sur les axes secondaires et cette fois, y compris au Sud de la Rue de Genève. Le rayon qui nous concerne se densifie et notamment le long de la rivière. La culture des vergers est abandonnée, mais des potagers subsistent dans les cours.
1980
De 1960 à 1980, au niveau communal, la population évolue peu en termes démographiques, mais notre zone s’est fortement densifiée. Aux abords de la rivière et de la Rue du Vieux-Bourg, une barre de logements fait surface à la fin des années 60. Au cœur de l’îlot émergent sporadiquement de nouvelles constructions.
2000
La densification de l’îlot se poursuit avec d’autres, accolés aux immeubles sur les fronts de rue, créant un conglomérat très dense, parfois en double registre.
2020
La ville poursuit son évolution et la capacité d’accueil de la Commune augmente de manière exponentielle. Cependant, les zones de construction sont désormais éloignées du Bourg. C’est pourquoi, aujourd’hui, la zone qui nous concerne doit absolument être valorisée avec finesse et parcimonie. C’est l’objectif de la zone 4B Protégée et celui de l’Office du Patrimoine et des Sites.
ANALYSE DU CONTEXTE URBAIN
Le contexte urbain qui nous occupe ici est le fruit d’un développement périphérique de la ville, de l’intérieur vers l’extérieur, le long des voies de circulation majeures qui relient la ville à Annemasse.
Cette zone péri-urbaine est soulignée dans un sens, par des voies de circulation majeures, Rue de Genève et la voie verte du Léman Express. Perpendiculairement, la zone est soulignée par des routes secondaires et la rivière de la Seymaz. L’intersection de la Rue de Genève et de la rivière a certainement donné naissance aux premières constructions du Vieux-Bourg, en apportant à Chêne-Bourg une importance relative, qui lui confère son origine historique et protégée (4BP).
Au Nord du Vieux-Bourg et le long des grands axes routiers s’est développé, avec le temps, un tissu urbain dense, encore en constante évolution à ce jour. La zone au Sud du Vieux-Bourg est composée d’un tissu plus vert et moins compact, faisant la transition vers la zone villa, la zone de verdure pour arriver finalement en zone agricole.
TOPOGRAPHIE NATURELLE DU SITE
A l’origine, le terrain naturel était vallonné de part et d’autre de la Seymaz et comportait une pente relativement douce et régulière. Les constructions de la zone orientée à l’Est, qui ont été les toutes premières, se sont implantées, faute d’engins de chantier, de manière naturelle sur le terrain existant, en épousant parfaitement la topographie originelle du lieu.
Cette pratique douce et ancestrale, n’a malheureusement pas été appliquée à l’immeuble du n° 20, Rue du Vieux-Bourg, dont l’implantation est brutale et grossière. La parcelle qui nous intéresse a subi d’importants travaux de terrassement préparatoires qui ont fortement traumatisé un site magnifique. Cette plaie béante doit dorénavant être soignée et la topographie naturelle régénérée.
INSERTION DANS LE SITE
Conformément à l’analyse historique et l’étude de l’évolution du tissu, il apparait évident que l’intégration dans la zone du Vieux-Bourg est primordiale. Intégration ou insertion dans le site ne signifie pas forcément copier l’architecture de l’époque en créant des bâtiments pastiches. Il convient ici de reconnaître avec finesse les codes, le langage, le vocabulaire, les principes du Bourg et de la zone 4B Protégée.
A notre avis, les points clés du langage architectural, garantissant une parfaite intégration, sont les suivants :
Il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’une architecture rurale, mais d’une architecture plus évoluée, avec des affectations mixtes (commerces, artisans, logements). Un tissu et des gabarits semblables au Vieux-Carouge. Le respect s’applique aussi aux qualités existantes du site, citées ci-dessous, qui méritent absolument d’être préservées :
Espaces libres :
L’une de qualité majeure du site est l’espace libre offert au regard, la nature et les arbres qui s’y déploient. Un espace visuel apprécié par le voisinage. Il serait invasif d’occuper la totalité de la parcelle constructible, sans respecter le vide. Ce dernier étant justement l’essence même du cœur de l’îlot.
La terre et la topographie :
Aujourd’hui et encore davantage demain, respecter le sous-sol est primordial. Éviter les mouvements de terre, occuper le sous-sol sans se soucier de l’impact naturel et écologique n’est plus admissible. C’est pourquoi, une intervention mesurée et réfléchie, qui tient compte avec finesse de la topographie naturelle du site, dans le respect de la perméabilité des sols, est un principe essentiel à mettre en œuvre.
Perméabilités des sols :
Une implantation compacte, respectueuse de la topographie, de la nature et des arbres, permet de garantir une bonne perméabilité des sols, la création d’espaces verts de qualité et la diminution des îlots de chaleur en milieu urbain.
Les vues :
Les vues, depuis l’Avenue du Vieux-Bourg en direction de la rivière, sont à préserver. Celles pour le voisinage sont , dans la mesure du possible, elles aussi à conserver.
Porosité urbaine et liaison piétonne :
Il serait opportun que la perméabilité de l’îlot soit valorisée, afin de permettre une liaison piétonne et la mobilité douce.
La nature et les arbres :
L’application des points mentionnés plus haut permet, s’ils sont bien respectés, de préserver la nature et les arbres existants. L’objectif étant de retrouver et replanter le verger de l’époque, afin d’aménager les espaces de jardin et de détente, en redonnant ainsi une qualité biologique, écologique et urbaine au cœur de îlot. Cela pourrait amener le voisinage à se fédérer autour du projet.
IMPLANTATION
La stratégie d’implantation est la résultante des points étudiés plus haut. En effet, au vu de l’historique et des échecs des projets déposés précédemment, il nous semble primordial de proposer une morphologie parfaitement en adéquation avec le tissu historique et qui respecte ses valeurs intrinsèques.
Nous proposons ici d’implanter notre immeuble en bordure de parcelle, en appliquant la position en « front de rue », à l’instar des bâtiments voisins. Cette solution requière une dérogation de la CMNS. Nous sommes certains d’être soutenus par la commission, car cette dérogation permet une parfaite continuité avec les bâtisses existantes.
Afin de limiter les vis à vis avec l’habitation située au 10 bis Avenue du Vieux-Bourg, d’ouvrir la perspective sur la « cour » depuis l’Avenue et d’offrir des jardins privés plus généreux côté Est, nous avons aligné notre projet le long de la limite de propriété Ouest. Il est parfaitement parallèle à l’immeuble situé au n° 20.
Cette position permet, grâce à l’alignement en « front » de rue, de marquer notre appartenance au tissu 4BP du Vieux- Bourg et perpendiculairement, de souligner la circulation publique pour les piétons et l’accès aux habitations côté Ouest.
Cette implantation nous autorise également de créer une zone sécurisée pour deux ascenseurs et voitures, sans zone d’attente.
La construction se développe jusqu’au bas de la parcelle et de la zone inondable, avec une succession des volumes juxtaposés. Cette implantation épouse avec douceur les courbes naturelles du terrain. Grâce aux toitures à deux pans traditionnels et à de subtiles décalages, l’affiliation immédiate avec le tissu historique est assurée.
L’immeuble ne vient en aucun cas occuper le cœur de l’îlot et couper les vues. Il nous semble essentiel de préserver cette zone non bâtie et lui redonner une place centrale par le vide, bien qu’elle soit en théorie une zone constructible.
MATERIALITE
En cohérence avec la matérialité du quartier et de la zone 4BP, nous proposons une expression massive. L’édifice serait simplement bâti en « poteaux dalles » béton, avec remplissage en brique, voire totalement en béton armé avec une isolation thermique protégée à son tour par un crépis minéral texturé aux teintes naturelles.
Les murs massifs seront percés avec parcimonie. Les évidements seront équipés de fenêtres avec triple vitrage et menuiseries en chêne vernis.
Les tablettes de fenêtres, les soubassements et les ferblanteries seront en cuivre traditionnel.
Nous prévoyons de recouvrir les habitations de tuiles plates en terre cuite, comme les toitures avoisinantes.
Les matériaux utilisés pour les sols et les aménagements extérieurs seront perméables et naturels.
Les circulations piétonnes seront en pesette ou en matière du Salève stabilisée.
Les variations de matériaux ou de hauteur seront réglées avec des voliges en acier corten ou par de simples mouvements de terre.
Les espaces de jardin seront engazonnés aux abords directs des logements, tandis que le reste des espaces verts sera agrémenté par une prairie fleurie, ne nécessitant pas d’entretien. Seul l’accès pompier sera marqué au sol par une tonte régulière.
LA NATURE EN VILLE
L’aménagement des extérieurs sera traité de manière simple, naturelle et hiérarchisée en 5 secteurs.
La jonction piétonne entre l’Avenue du Vieux-Bourg et la promenade le long de la Seymaz longe le futur immeuble. Cette rampe douce sera publique et utilisable par les personnes à mobilité réduite (jusqu’aux logements) et praticable aussi par les cyclistes.
Ce nouveau chemin est en relation avec les entrées piétonnes des habitations.
Cet espace de « seuil », entre passage public et espace privé, sera agrémenté par des filtres végétaux permettant la privacité, ainsi que les rencontres et les échanges.
Sur la partie arrière de la résidence côté « cour », se développe des jardins privatifs, prolongement direct des intérieurs sur les espaces verts au cœur de l’îlot à l’Est.
Historiquement, la parcelle était un grand verger. Notre objectif est de permettre aux habitants de bénéficier d’un rapport direct avec la nature, dans le prolongement de l’habitat. Le milieu de l’îlot est idéal pour accueillir à nouveau des arbres fruitiers, car il est à l’abris du vent. Les arbres fruitiers seront tapissés par une grande prairie fleurie, offrant de multiples bienfaits écologiques. Cette intervention champêtre apportera de la nature en ville et apaisera, voire fédèrera le voisinage direct dans la réalisation d’un projet qualitatif, paysagé et écologique.
Afin d’intimiser la zone résidentielle de la promenade qui longe la Seymaz, nous proposons la création d’une petite colline équipée d’un toboggan et d’un espace de jeux simples, orienté côté rivière.
Pour garantir l’accès aux camions de pompier depuis le bas de la parcelle, le long de la promenade de la Seymaz, l’idée serait de créer une rotonde en terre battue, stabilisée et dessinée par un rayon de braquage des camions d’incendie. Voie d’accès d’urgence qui se prolongerait dans un espace vert avec la mise en place de « grilles gazon » invisibles.
© omarini micello architectes sa - mars 2022